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Alabama vs Georgia : un back-to-back ou une revanche

Crédit photo : Todd Kirkland/Getty Images

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Comme on ne comprend le présent qu’en étudiant le passé et comme les chiffres ne mentent jamais, considérons un instant les cinq fois précédentes où un match pouvant décider du titre national s’est disputé entre deux équipes qui s’étaient déjà affrontées en saison régulière.

En 1960, Ole Miss a privé LSU du titre en dominant les Tigers (21-0) au Sugar Bowl après avoir perdu à Baton Rouge (3-7) quelques semaines plus tôt. En 1966, Michigan State a péniblement battu UCLA en ouverture de la saison (13-3) avant de s’incliner au Rose Bowl (12-14) et de voir le titre national s’envoler pour… Tuscaloosa (Alabama). Dix ans plus tard, les Bruins ont remis ça en perdant à Columbus (20-41) mais en battant Ohio State au Rose Bowl (16-3), consacrant ainsi Oklahoma. En 1997, c’est Florida qui a terminé sa saison régulière par une défaite à Florida State (21-24) mais s’est vengé, avec la manière, au Sugar Bowl (52-20) pour donner à Steve Spurrier son seul titre national. Enfin, en 2012, Alabama s’est imposé au BCS Championship Game contre LSU (21-0) après avoir perdu une mémorable bataille défensive (6-9) un peu plus tôt dans la saison.

Si l’on en croit donc l’Histoire avec un « h » majuscule, Georgia devrait repartir d’Indianapolis avec sa première consécration nationale depuis 1980. Cette année-là, les Bulldogs avaient dominé Notre Dame (17-10). Depuis, les Dawgs ont eu trois occasions de reconquérir un titre mais des défaites contre Pittsburgh (20-24 au Sugar Bowl 1982), Penn State (23-27 au Sugar Bowl 1983) et… Alabama (23-26 OT au College Football Playoff National Championship Game 2018) ont, à chaque fois, contrarié leurs plans. On ne parle même pas du bilan d’Alabama, le Crimson Tide remporte le titre national quasiment une année sur deux depuis que Nick Saban a pris les rênes en 2007 (2009, 2011, 2012, 2015, 2017 et 2020).

2022 donne donc à Georgia une quatrième occasion de renouer avec la gloire. Quatre, c’est également le nombre de fois que Kirby Smart a affronté son ancien patron et le bilan n’est pas glorieux : quatre matchs et quatre défaites dont la dernière début décembre en finale de la conférence SEC (24-41) et, la plus douloureuse donc, en finale nationale début 2018. Les Dawgs ont également perdu en finale SEC en 2018 (28-35) et en saison régulière en 2020 (24-41). Le Crimson Tide, qui mène la série 42-25-4, n’a plus perdu contre Georgia depuis 2007 (23-26), la seule défaite de Nick Saban contre les Bulldogs en huit confrontations.

Le décor historique est donc planté mais qu’en sera-t-il de cette finale de la saison 2021 ? Si Kirby Smart peine contre Nick Saban, ses Bulldogs ont néanmoins toujours mené à un moment donné dans les quatre confrontations. Et on sait, depuis la défaite de Bama à Texas A&M (38-41), que Nick Saban n’est plus invincible contre ses anciens assistants. Mais, plus important que ces statistiques, on sait aussi que Georgia possède la meilleure défense du pays, et de loin. Les Dawgs sont la seule équipe de FBS à avoir accordé moins de 10 points de moyenne (9.6) cette saison. Le deuxième du classement, Clemson, en a concédé 5 de plus (14.9). Alabama est 13ème de ce classement avec deux fois plus de points accordés par match (19.2) que Georgia. Les Dawgs n’ont concédé plus de 17 points (soit l’équivalent de deux touchdowns et d’un field goal) qu’à une seule reprise. Problème, c’était contre Alabama et c’était bien plus de 17 points…

Il fut un temps où les défenses remportaient les titres, c’est de moins en moins le cas. Alabama, Clemson ou encore LSU ont essentiellement gagné avec des attaques explosives menées par des futurs quarterbacks pros : Deshaun Watson, Jalen Hurt, Tua Tagovailoa, Trevor Lawrence, Joe Burrow, ou encore Mac Jones. Georgia n’est pas totalement démuni en attaque : si Alabama est 3ème du pays avec 41.4 points par match, les Dawgs ne sont pas loin derrière avec une 9ème position et 38.8 points par match.

Sur le papier et les feuilles statistiques, Georgia est la meilleure équipe. On pourrait affirmer sans cligner des yeux que lorsque les 22 joueurs de Georgia feront face au 22 joueurs d’Alabama, le talent sera plus important du côté des Bulldogs. Seulement, le Tide possèdera les trois meilleurs joueurs sur le terrain : QB Bryce Young, WR Jameson Williams, et DE Will Anderson. Et la clé du match pour Georgia sera avant tout de limiter l’impact du quarterback de Bama et de contenir les jeux explosifs du receveur du Tide. Les Bulldogs auront l’avantage de ne pas avoir à se préoccuper de WR John Metchie, blessé. Cela suffira-t-il à son backfield défensif sans profondeur pour éviter de se faire cramer comme en finale SEC ? Alabama n’est pas le genre d’équipe qui a trop de problème à remplacer ses stars. Le Tide a perdu près de la moitié (10) de ses titulaires à la Draft NFL 2021, dont 6 au premier tour. Contre Cincinnati en demi-finale (27-6), WR Slade Bolden et TE Cameron Latu ont tous deux marqué sur touchdown aérien. Le problème pour Georgia sera d’identifier lequel des receveurs du Tide va sortir le match de sa carrière. Dans ce genre de grand rendez-vous, il y a souvent un héros inattendu…

Crédit photo : Jason Getz-USA TODAY Sports

Lors de sa demi-finale contre les Bearcats, Bama affrontait l’un des meilleurs backfield défensif du pays. Nick Saban a donc opté pour une attaque lourdement déséquilibrée en faveur du jeu au sol (63% des jeux). RB Brian Robinson n’est pas Derrick Henry ou Najee Harris mais le coureur nº1 de Bama peut amener suffisamment de punch pour forcer la défense de Georgia à garder un œil sur lui. En finale SEC, aucune des deux équipes n’est parvenu à imposer son jeu au sol (à peine plus de 100 yards chacune). Il est fort probable que l’histoire se répète à Indy. Personne ne court sur Georgia : demandez-donc à Michigan qui a fait son beurre en Big Ten cette année avec un jeu au sol digne des années 80 mais n’a pas passé la barre des 100 yards lors de sa défaite en demi-finale (11-34).

C’est donc probablement dans les airs que cette finale va se jouer et peut-être aussi dans la capacité des quarterbacks à étendre les drives avec leurs jambes. Pour Georgia, il faudra avant tout mettre la pression sur Bryce Young. Si le vainqueur du Trophée Heisman a plus de trois secondes pour lancer contre une Cover 2, il va à nouveau découper le « back seven » des Bulldogs. Si, au contraire, Georgia envoie des blitz, y compris ces fameux « zone blitz » (où les rushers font mine de foncer sur le QB avant de se replier en défense contre la passe) qui perturbent tant les quarterbacks les moins aguerris (et, malgré tout son talent, Bryce Young est encore inexpérimenté), les Dawgs augmenteront leurs chances de prévaloir.

Leurs chances augmenteront encore plus s’ils parviennent à mettre Bryce Young au sol : la finale SEC est le seul match de l’année dans lequel la brillante ligne défensive de Georgia n’a obtenu aucun sack. Les Bulldogs n’ont pas de « sackeur » attitré mais LB Nakobe Dean, LB Robert Beal et DE Travon Walker ont tous plus de 5 sacks cette saison : le danger pour Bryce Young peut donc venir de partout. Sans compter sur le reste de la ligne défensive avec DT Jalen Carter, DE Devonte Wyatt et l’incontournable DT Jordan Davis qui auront à cœur de prendre leur revanche sur Bryce Young, alias « Gingerbread ». Pour cela, il faudra brouiller les pistes et forcer le QB du Tide à commettre des imprudences lorsqu’il est sous pression. C’est toujours plus facile de gagner un match lorsque l’on remporte la bataille des ballons perdus.

De l’autre côté, Georgia n’a pas la même capacité à allumer le backfield défensif de Bama, même si QB Stetson Bennett n’est jamais timide quand il s’agit de lancer en profondeur. Sa meilleure cible est sans aucun doute TE Brock Bowers mais Alabama devrait se satisfaire de limiter les gros jeux et d’accorder des gains moins substantiels au tight end des Bulldogs. Nick Saban sait bien que le QB des Dawgs est moins à l’aise lorsque le terrain rétrécit et il forcera Kirby Smart à trouver des solutions pour marquer depuis l’intérieur de la zone rouge, ce qui a handicapé Georgia en finale SEC (les Dawgs n’ont marqué que 17 points en cinq voyages dans la zone rouge du Tide contre 17 points en trois voyages pour Bama dans les vingt derniers yards de Georgia). Les Bulldogs ne pourront probablement pas, eux non plus, courir au travers du « front seven » d’Alabama, pas avec des défenseurs du calibre de LB Henry To’oto’o, LB Dallas Turner ou LB Christian Harris. Ça n’est peut-être pas le meilleur groupe de linebackers de Nick Saban à Bama mais cela reste dur à franchir. Si Georgia n’accorde que 81.4 yards à la course par match en moyenne (3ème du pays), Alabama est sur ses talons avec 82.1 yards par match (4ème).

Si les yards sont difficiles à gagner au sol, RB James Cook et RB Kenny McIntosh devraient être mis à contribution dans le jeu de passes. RB Zamir White est habituellement moins impliqué dans ce secteur et devrait être cantonné à partager les portés de ballons avec James Cook. Dans le secteur aérien, les Dawgs ne manquent pas d’armes offensives. Mais qui de WR Jermaine Burton, WR Adonai Mitchell ou WR Ladd McConkey haussera son niveau de jeu dans le match le plus important de leurs jeunes carrières ? À moins que le revenant WR George Pickens ne vole à tous la vedette… Le meilleur receveur des Bulldogs en 2019 et 2020 a manqué la majeure partie de la saison avec une blessure au ligament subie aux entrainements de printemps. Il n’a participé qu’à trois matchs cette saison avec un maximum de 41 yards contre Alabama en finale SEC. S’il était un moment idéal pour retrouver son niveau de futur joueur du dimanche, ce serait évidemment sur le terrain du Lucas Oil Stadium…

En demi-finale contre Michigan, la ligne offensive de Georgia a annihilé les efforts des Wolverines et DE Aidan Hutchinson, permettant à son quarterback de passer une soirée plutôt tranquille (0 sack). Sera-t-elle capable de rééditer la même performance contre la machine à sacks qu’est Will Anderson (17.5 sacks) ou contre son compère DL Phidarian Mathis (9 sacks) ? En finale SEC, Stetson Bennett a lancé deux interceptions lorsque mis sous pression. La seconde a été retournée pour touchdown, scellant définitivement le sort du match.

Hollywood attend avec impatience l’issue du match pour pouvoir, peut-être, commencer à écrire le prochain scénario de Cendrillon version College Football. Si les quarterbacks cités précédemment étaient tous des recrues lourdement étoilées (et Bryce Young l’est également), Stetson Bennett est un ancien « walk-on » qui a succédé à QB Jake Fromm et écarté des quarterbacks plus réputés tels QB D’Wan Mathis et QB JT Daniels. Verra-t-on cette belle histoire s’écrire sur le terrain à Indianapolis ? Georgia est favori de 2.5 points, motivation supplémentaire pour Nick Saban qui n’aime pas que l’on dise trop de bien de son équipe mais qui sait également motiver ses troupes en position d’outsider. Comme si, en plus de tout le reste, le Tide avait vraiment besoin de ça…

La revanche entre les deux mastodontes du College Football n’accouchera pas d’une souris, en tout cas pas d’une qui pourrait effrayer les Éléphants de Tuscaloosa. Les chiens vont aboyer, la caravane de Nick Saban va passer en direction d’une huitième titre national et les Bulldogs vont rentrer à Athens la queue entre les jambes.

Prédiction : Alabama 31-27 Georgia

Membre de la Football Writers Association of America (FWAA), Blaise Collin est un passionné de football universitaire et de NFL, passé par l'Idaho et basé en Californie depuis 2018. Après avoir contribué au site elitefoot.com, il a rejoint la rédaction de 4th&Goal en 2013. Il partage désormais sa vision du football sur The Blue Pennant et sur footballamericain.com.

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Les plus belles photos du National Championship entre Michigan et Washington

Retrouvez les plus belles photos du National Championship 2024 prises par notre photographe Marc-Grégor Campredon.

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Notre photographe Marc-Grégor Campredon était sur place au NRG Stadium de Houston pour suivre le National Championship entre #1 Michigan et #2 Washington au plus près de l’action.

Retrouvez ci-dessous ses plus beaux clichés :

Crédit photo : Marc-Grégor Campredon

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Michigan sacré champion national !

Les Wolverines de #1 Michigan s’imposent 34-13 face aux Huskies de #2 Washington et remportent ainsi leur premier titre de champion national depuis 1997.

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Crédit photo : Marc-Grégor Campredon, The Blue Pennant

26 ans après son titre « partagé » avec les Nebraska Corhuskers, Michigan revient sur le toit du College Football, cette fois sans l’ombrage de qui que ce soit. Pour parvenir à leurs fins, les hommes de Jim Harbaugh ont su évidemment s’appuyer sur une force, le jeu au sol, avec un total de 304 yards et 4 touchdowns dans ce seul secteur de jeu. 

Dès la première série offensive, le ton est donné par le programme d’Ann Arbor. J.J. McCarthy (10/18, 10 yards) commence bien à faire avancer les chaînes, grâce à ses connexions avec Cornelius Johnson, mais l’accent reste mis par le backfield offensif. Sur une 2e tentative et 14, Donovan Edwards (104 yards, 2 TD) trouve une brèche sur l’aile gauche, qui lui permet de filer dans l’en-but, pour le premier touchdown de la rencontre. 

Option de luxe, Edwards remet ça sur la deuxième série des Wolverines. Pour répondre à un field goal de Grady Gross (7-3), le numéro 7 trouve cette fois un véritable boulevard sur l’aile droite, qui l’envoie là encore directement en terre promise. Le premier quart-temps n’est pas encore terminé, que les hommes de Jim Harbaugh ont déjà marqué les esprits, 14 à 3. 

Malmenés sur le run stop, les Huskies tentent tant bien que mal de se reprendre. S’ils abandonnent un nouveau gros gain à Blake Corum, de 59 yards, ils contraignent leur adversaire à taper un field goal dans la foulée, par l’intermédiaire de James Turner (17-3). L’escouade de William Inge et Chuck Morrell provoque ensuite un turnover on down sur une offensive des Wolverines qui avait atteint leur moitié de terrain. 

Une action qui aura le don de redonner un peu de momentum à une attaque qui en a cruellement manqué lors du premier acte. Au-delà du premier drive conclu au pied, Michael Penix Jr. (27/51, 255 yards, TD, 2 INT) peine à sévir comme à son habitude sur le jeu profond. L’intéressé a bien l’occasion de trouver Rome Odunze (87 yards) sur une 4e tentative et 7, dans le dos de la défense d’Ann Arbor, mais la passe suralimentée est incomplète. « MPJ » ne tombe pas deux fois dans le piège, et avec la perte de balle provoquée par sa défense, va trouver Jalen McMillan plein centre, dans l’en-but – et sur une 4e – pour totalement relancer une partie qui en avait besoin. 

Si près et si loin

17 à 10, c’est le score à la pause, et tout le NRG Stadium s’imagine un retour en force des hommes de Kalen DeBoer, d’autant que ces derniers ouvrent le bal offensivement au retour des vestiaires. L’espoir est de courte durée, car sur le premier jeu de la seconde période, Penix Jr. force une passe latérale que Will Johnson intercepte dans la moitié de terrain adverse. 

Une action symptomatique de l’étincelle qu’il aura manqué aux Huskies pour pouvoir vraiment recoller dans le deuxième acte. Après les coups de pieds respectifs de Grady Gross et James Turner (20-13), Washington peine à faire sauter le verrou défensif des Wolverines, notamment dans la verticalité. Il y aura bien cette réception longue distance de Rome Odunze, en début de dernier quart, mais aussitôt annulée par une saisie illicite du tackle Roger Rosengarten. 

A manquer cruellement de réalisme, les pensionnaires de Pac-12 s’exposent à un réveil des Caracajous. A moins de dix minutes du terme, Colston Loveland est trouvé plein centre par J.J. McCarthy et grille Dominique Hampton pour installer les Wolverines en territoire ennemi. L’occasion est trop belle pour refaire parler le jeu au sol pour Jim Harbaugh et sa bande.

Blake Corum (134 yards, 2 TD au sol) en profite pour aller chercher son premier touchdown personnel de la partie, après avoir cassé un plaquage sur l’aile droite (27-13). C’est encore le numéro 2 qui sera à la conclusion d’une série lancée dès la zone rouge, après une interception de Mike Sainristil sur une ultime 4e tentative des Huskies. 

La décision est faite pour les Wolverines, qui ajoutent leur nom au palmarès de la première division universitaire pour la douzième fois de leur histoire, à une unité du rival historique Notre Dame. Nul ne sait de quoi sera fait l’avenir de Jim Harbaugh, mais l’ancien quarterback d’Ann Arbor aura bien réussi le pari qu’il s’était lancé en débarquant dans son programme de coeur au printemps 2015 …

Résumé en vidéo

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Media Day : l’interview d’Aymeric Koumba

Le français DE Aymeric Koumba nous accordé un entretien quelques heures avant le coup d’envoi du National Championship Game entre #1 Michigan et #2 Washington.

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Le français DE Aymeric Koumba nous accordé un entretien quelques heures avant le coup d’envoi du National Championship Game entre #1 Michigan et #2 Washington.

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Michigan-Washington : la preview du National Championship 2024

Pour tout savoir à quelques heures du coup d’envoi de la finale nationale de College Football entre #1 Michigan et #2 Washington.

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Crédit photo : TBP

#1 Michigan (14-0) vs #2 Washington (14-0)

National Championship
Houston, Texas
NRG Stadium
Lundi 8 janvier 2024
19h30 (heure Est, 01h30 en France)

Pour la première fois dans l’Histoire du College Football Playoff, deux équipes invaincues seront opposées lors de la finale nationale qui verra s’affronter les Wolverines de #1 Michigan (14-0) et les Huskies de Washington (14-0), lundi 8 janvier, au NRG Stadium de Houston (Texas).

C’est également la première finale de l’ère des playoffs pour ces deux programmes historiques qui se retrouveront dans la conférence Big Ten à partir de 2024.

Cette dernière édition du National Championship Game avant les playoffs à douze équipes se jouera sans programme de la SEC. Une première depuis 2014, année du coup d’envoi du College Football Playoff (au grand soulagement de certains fatigués de voir Alabama et Georgia tous ans). Cette année-là, un programme de la Big Ten (Ohio State) était opposé à un programme de la Pac-12 (Oregon). Comme en 2024. La boucle est bouclée.

Pour tout savoir à quelques heures du coup d’envoi de la finale nationale de College Football entre #1 Michigan et #2 Washington, suivez le guide.

Le Podcast

 

Les coachs

Jim Harbaugh, Michigan

HC Jim Harbaugh n’a jamais douté. Pourtant, de 2015 à 2021, le head coach des Wolverines a été sous le feu des critiques en raison des résultats décevants du programme d’Ann Arbor, son alma mater. Ses cinq premiers matchs face au rival Ohio State ? Cinq défaites et aucune participation au College Football Playoff qui était l’objectif minimal affichée par Michigan lorsque la direction athlétique a embauché l’ancien head coach des 49ers de San Francisco (NFL).

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Tout a changé à partir de 2021. Trois victoires face aux Buckeyes, trois titres de champions de Big Ten et trois participations au College Football Playoff. Mais un dernier obstacle restait à franchir : une qualification en finale nationale. Après deux défaites en 2021 (Georgia) et en 2022 (Texas Christian), #1 Michigan a vaincu le signe indien en faisant tomber le Crimson Tide d’Alabama de HC Nick Saban au terme d’un Rose Bowl épique remporté 27-20 après prolongation.

Pourtant cette épopée jusqu’en finale n’a pas été sans embûches. Celui qui a joué quarterback à Michigan de 1983 à 1986 a été au centre d’une controverse monstre : le scandale des vols de signaux présumés qui ont forcé la Big Ten à suspendre trois matchs le head coach des Wolverines en fin de saison quelques semaines seulement après que sa suspension à trois matchs pour des irrégularités dans le processus de recrutement lors de la période morte durant la pandémie de COVID. HC Jim Harbaugh n’a donc été sur la sideline de son équipe qu’à 7 reprises sur les 13 matchs joués par les Wolverines en 2023. Et cette finale nationale pourrait être son dernier match avant de retourner en NFL.

Kalen DeBoer, Washington

En deux saisons seulement, HC Kalen DeBoer a complètement transformé le programme de Seattle (Washington). Après l’ère moribonde de HC Jimmy Lake (2020-21), il a pris en main un effectif bourré de talent auquel s’est ajouté le fantastique quarterback gaucher, Michael Penix Jr, en provenance d’Indiana. Le nouveau quarterback des Huskies retrouvait ainsi celui qui avait été son coordinateur offensif chez les Hoosiers. Et leur association a fait mouche pour UDub.

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Depuis l’arrivée de HC Kalen DeBoer à Seattle, le bilan de #2 Washington est de 25-2. Les Huskies ont remporté les 10 matchs joués face à des équipes classées confirmant toujours un peu plus la réputation de gagnant du head coach de Washington. Son bilan en tant que head coach avec Sioux Falls (NAIA), Fresno State et Washington ? 104-11. HC Kalen DeBoer a gagné partout il est passé. Une victoire en finale nationale ne serait finalement que le prolongement d’une ascension exceptionnelle. La relation de longue date qu’il a su développer avec son coordinateur offensif Ryan Grubb et la stabilité dans son coaching staff – une rareté à l’époque actuelle – est incontestablement l’une des clés de son succès.

Comment sont-ils arrivés là ?

Michigan Wolverines (14-0)

Malgré la suspension de leur head coach pour la moitié de la saison régulière, les Wolverines ont atteint la finale nationale en s’unifiant autour d’un mantra « Michigan vs. Everybody » qu’a relayé le head coach par interim, OC Sherrone Moore. Lors des trois matchs les plus importants de la saison, ce dernier à dirigé son équipe vers des victoires face à Penn State, Maryland et Ohio State.

Grâce au meilleur effectif du programme d’Ann Arbor depuis une décennie, les Wolverines ont terminé la saison régulière invaincue avant de s’imposer en finale de la Big Ten (contre Iowa) et lors du Rose Bowl face au programme le plus couronné des quinze dernières, le Crimson Tide de #4 Alabama. La défense agressive de Michigan a sacké QB Jalen Milroe (Alabama) à six reprises et les Wolverines ont remonté un retard de sept points en fin de 4ème quart-temps avant de s’imposer 27-20 en overtime s’ouvrant ainsi la porte du National Championship Game de Houston.

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Malgré de sérieuses accusations de tricherie (vol de signaux adverses), le comité de sélection du CFP a toujours classé #1 Michigan dans le Top 4 avant de placer les Wolverines à la première place du classement final suite à la défaite de #6 Georgia face à #4 Alabama en finale de la conférence SEC. Considérant que le programme d’Ann Arbor n’était pas suspendu de bowl par la NCAA, le comité lui a maintenant sa confiance mais jamais dans l’Histoire des playoffs, aucune équipe n’aura été autant sous le feu de la controverse que ces Wolverines 2023.

#1 Michigan est à la recherche de son premier titre depuis 1997 (partagé avec Nebraska) et une victoire des Wolverines signifierait le premier titre de la Big Ten depuis 2014 (Ohio State).

Washington Huskies (14-0)

Tout au long de la saison, les Huskies se sont nourris de leur statut d’équipe négligée et de la perception qu’on leur manquait de respect. La victoire 36-33 remportée le 14 octobre face à Oregon a propulsé #2 Washington dans le rôle de favori pour représenter la conférence Pac-12 au College Football Playoff mais beaucoup d’observateurs doutaient encore de leur capacité de passer les demi-finales. Il faut dire que les courts et horribles succès face à Arizona State et Stanford ont créé le doute. Toutefois, les quatre victoires successives face Utah, USC, Oregon State et Washington State pour conclure la saison régulière ont permis aux Huskies de retrouver les Ducks d’Oregon en finale de la Pac-12.

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Malgré son statut d’outsider, #2 Washington a battu une seconde fois le programme de Eugene s’ouvrant la porte des playoffs. Toujours outsiders avant d’affronter les Longhorns de #3 Texas, les Huskies ont continué sur leur lancée portés par les exploits du finaliste du dernier trophée Heisman, QB Michael Penix Jr., et d’un groupe de receveurs fourni et talentueux pour l’emporter 37-31 contre les champions de conférence de Big 12 et obtenir ainsi leur billet pour le National Championship Game.

Pour #2 Washington, une victoire serait un premier titre de champion depuis 1991 (partagé avec Miami) et la Pac-12 n’a pas été sacrée depuis 2004 (USC) !

Les clés du match

La ligne défensive de Michigan face à la ligne offensive de Washington

Ce matchup force contre force est LA clé du match. La ligne défensive de #1 Michigan a été dominante toute la saison, notamment face à #4 Alabama lors du Rose Bowl.

De son côté, la ligne offensive de #2 Washington a été récompensée pour son excellent travail en 2023 en remportant le trophée Joe Moore remis à la meilleure ligne offensive du pays (succédant ainsi à l’équipe qui l’avait remporté les deux années précédentes, #1 Michigan). Sa performance face au front four des Longhorns de #3 Texas en demi-finale ? Zéro et quasiment aucune pression accordée sur le quarterback, Michael Penix Jr.

Limiter la production de QB Michael Penix Jr sera essentiel pour le pass rush des Wolverines qui a brillé face à #4 Alabama en sackant QB Jalen Milroe à 6 reprises. Toutefois, le défi sera tout autre face au bloc de #2 Washington. Si le quarterback des Huskies est capable de trouver ses receveurs dans un jeu très vertical, la soirée pourrait être longue pour #1 Michigan.

Comme souvent dans ces grands rendez-vous, remporter la bataille des tranchées sera crucial.

Le groupe de receveurs de Washington face au backfield défensif de Michigan

Les Huskies ont contruit leurs succès en 2023 essentiellement autour du jeu aérien. WR Rome Odunze, WR Ja’Lynn Polk, WR Jalen McMillan et WR Germie Bernard ainsi que TE Jake Westover ont accumulé les yards et les TDs sur réception tout au long de la saison.

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Le backfield défensif des Wolverines, qui n’a accordé que 7 TDs dans les airs en 2023 (#1 du pays), fera face à son plus grand défi de la saison. Car cette escouade défensive n’a pas affronté une attaque pouvant compter sur une telle ligne offensive, un tel talent dans le groupe de receveurs adverses et de telles aptitudes à la passe du quarterback adverse.

Le duel direct entre CB Will Johnson et WR Rome Odunze et celui entre CB Josh Wallace et WR Ja’Lynn Polk s’annoncent passionnants et décisifs.

Le jeu au sol de Michigan

Le duo RB Blake Corum / RB Donovan Edwards doit être capable de s’imposer pour que #1 Michigan installe son tempo sur le match face à une défense de #2 Washington qui a régulièrement souffert contre la course cette saison et particulièrement contre Texas lors du Sugar Bowl (6.4 yards par course). La bonne performance d’un joueur comme MLB Edefuan Ulofoshio sera essentielle pour #2 Washington.

L’un des objectifs est clair : conclure de longs drives par le maximum de points, si possible des touchdowns, tout en laissant sur la sideline QB Michael Penix Jr. et l’attaque de #2 Washington. Car #1 Michigan veut à tout prix éviter un shootout. La dernière fois que les Wolverines ont été embarqués dans un festival de points en playoffs a conduit à une défaite surprise face à Texas Christian, l’an passé.

QB JJ McCarthy face à la défense aérienne de Washington

La saison du quarterback de #1 Michigan a été satisfaisante sans être extraordinaire (2851 yards à la passe, 22 TDs, 4 INTs). Le souvenir de ses deux interceptions commises face à Texas Christian l’an dernier est encore présent. Sa passe interceptée par S Caleb Downs sur le premier jeu du dernier Rose Bowl également.

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Toutefois, son taux d’efficacité exceptionnel (73.2%) et sa force mentale dans les moments-clés font de lui un quarterback redoutable qui a su développer une relation fusionnelle avec HC Jim Harbaugh. Tous les deux vont probablement préparer un plan de match visant à profiter de la seule faiblesse de la défense des Huskies : le jeu aérien (267 yards en moyenne par match, #120 du pays). Au risque de rendre trop souvent le ballon à QB Michael Penix Jr. Un vrai dilemne pour les Wolverines.

Les joueurs à suivre

RB Blake Corum, Michigan

Auteur de 25 touchdowns en 2023, RB Blake Corum va avoir des ballons sur les jeux à courte distance. #1 Michigan est une équipe efficace, et le senior a de grandes chances de gagner le match à lui tout seul. Sa puissance et sa belle lecture font de lui un atout indéniable pour l’attaque.

CB Will Johnson, Michigan

Il est peut-être le meilleur cornerback du match sur le papier. CB Will Johnson a fait étalage de toutes ses qualités pour stopper le meilleur receveur du pays, WR Marvin Harrison Jr (Ohio State), puis a complètement éteint le meilleur receveur du Crimson Tide de #4 Alabama, WR Jermaine Burton. Il aura un dernier défi cette saison : mettre sous l’éteignoir le receveur le plus explosif du pays actuellement, le senior WR Rome Odunze.

QB Michael Penix, Washington 

On ne devient pas finaliste du Heisman Trophy par hasard. Recrue 3-étoiles de l’université de l’Indiana, au printemps 2018, le Floridien de naissance n’a pas tardé à faire ses preuves, titularisé dans un match dès son année freshman, qualifiant deux fois son équipe en bowl en 2019 et 2020, avant de rejoindre régulièrement l’infirmerie et de se lancer un nouveau challenge dans le Nord-Ouest des Etats-Unis en rejoignant son ancien coordinateur offensif chez les Hoosiers, un certain HC Kalen DeBoer.

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En deux ans, ses stats à Washington donnent le tournis : 65% de passes complétées, près de 4 500 yards cumulés, 64 touchdowns pour 17 interceptions. De par son impressionnante patte gauche, QB Michael Penix Jr est le régulateur de cette formation, et un succès des siens devrait avant tout passer par lui. 

WR Rome Odunze, Washington 

C’est LE meilleur ami de QB Michael Penix Jr, depuis l’arrivée de ce dernier à Seattle. Lancé dans le groupe des receveurs titulaires dès 2022, WR Rome Odunze a été une soupape de sécurité presque indécente pour le quarterback des Huskies depuis deux ans. Huit touchdowns l’an passé, quatorze cette saison, l’ancien homme fort du lycée de Bishop Gorman, dans le Nevada, a fait vivre de véritables cauchemars aux cornerbacks adverses, sur les nombreux un-contre-uns qu’il a eu à disputer. S’il n’est pas étonnant de le voir franchir la barre des 1 000 yards ces deux dernières années, la performance de cette saison revêt une valeur toute particulière, quand on sait que le receveur numéro 2, Jalen McMillan, a été longtemps blessé, faisant de WR Rome Odunze l’homme à surveiller à tout prix.  

Facteur X

L’état de santé de RB Dillon Johnson

Les Huskies pourraient débuter le match le plus important de leur saison sans l’une de leurs armes principales, RB Dillon Johnson (1162 yards au sol en 2023). Touché par plusieurs petites blessures tout au long de la saison, le running back senior de Washington a aggravé une blessure du pied face à #3 Texas l’obligeant à quitter ses coéquipiers dans le 4ème quart-temps du Sugar Bowl.

Son absence serait un énorme coup dur pour l’attaque qui pourrait devenir unidimentionnelle si elle ne pouvait pas compter sur leur running back #1 lors de ce National Championship Game.

La statistique

Ce match entre #1 Michigan et #2 Washington est la 4ème opposition au National Championship Game entre les équipes classées #1 et #2. Le bilan de ces affrontements ? 3-0 en faveur de l’équipe classée #2.

#2 Washington reste sur 21 victoires consécutives (la plus longue série en cours au niveau FBS)…

Historique

Ce National Championship Game de Houston sera le 14ème affrontement de l’Histoire entre les Wolverines et les Huskies. #1 Michigan mène la série entre les deux équipes avec 8 victoires contre 5 défaites et le programme d’Ann Arbor a remporté les deux derniers matchs contre #2 Washington, le dernier en date, en 2021, sur le score de 31-10 à Big House.

Blessés

Michigan Wolverines

Absent : OG Zak Zinter (fracture tibia), WR Logan Forbes (raisons inconnues), Karmello English (raisons inconnues), RB CJ Stokes (raisons inconnues), QB Davis Warren (raisons inconnues).
Incertain : Aucun.
Probable : Aucun.

Washington Huskies

Absent : OL Gaard Memmelaar (raisons personnelles), Cameron Davis (jambe).
Incertain : RB Sam Adams II (raisons inconnues).
Probable : RB Dillon Johnson (pied).

Pronostic

Michigan 31, Washington 30.

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